Vivre est facile avec les yeux fermés: lumineux

LA PRESSE
Montreal. 30, agosto de 2014

«Ne racontez pas, montrez» est un conseil classique donné aux jeunes écrivains. Une leçon bien apprise par le cinéaste espagnol David Trueba – justement écrivain – qui maîtrise le grand art de montrer avec humour et sensibilité une histoire simple porteuse d’un message fort.

Cette histoire, c’est celle d’Antonio (Javier Cámara), un professeur d’anglais candide et attachant décidé à tout faire pour rencontrer John Lennon lors d’un tournage en Espagne, en 1966. En route, il fait monter deux jeunes auto-stoppeurs en quête de liberté qui l’accompagneront dans cette aventure d’apparence naïve mais qui prendra l’aspect d’une leçon de vie.

L’action se déroule à un rythme lent. C’est d’abord un road movie. Le récit se transporte ensuite dans un hameau désolé rappelant les décors des westerns spaghettis. Dans ce monde perdu au milieu de nulle part, les gestes ordinaires sont porteurs de sens, révélant le caractère des personnages, les non-dits et une critique de la société espagnole à l’époque du franquisme.

Avec ses plans soignés et sa photographie baignée de lumière, c’est également un univers visuel axé sur l’esthétique des couleurs. Une palette dominée par les jaunes, les bruns, les verts et les rouges a été appliquée à presque tous les éléments scénographiques jusqu’au plus minuscule des accessoires. Un peu comme dans un film de Wes Anderson, mais dans une moindre mesure, on a parfois l’impression d’admirer des tableaux composés avec minutie. La délicate trame sonore signée par le guitariste Pat Metheny s’accorde à la douceur des paysages de la côte espagnole.

Dans le rôle principal, un seul mot suffit pour décrire la prestation de Javier Cámara: géniale.